Il y a eu un avant et un après Billie Jean: personne n’a fait mieux, ni même autant que Michael Jackson depuis. Ces 4 minutes ont scellé le sort du 33 tours et du single pour le monde de la musique en 1983: quelques 53 millions d’albums et plus encore en single! RIP MJ.

Le morceau a été composé en totalité par Michael Jackson, en partie dans sa voiture en roulant sur Hollywood Boulevard, risquant à tout instant de faire flamber son moteur, tellement il était absorbé par sa tâche.

Intro

Le morceau débute par 10 secondes de batterie: grosse caisse / caisse claire / charleston sur un tempo de 118 bpm et non pas 120 bpm. C’est très important parce que le groove est exactement calé avec la ligne de basse et les paroles.

Donc un tempo immuable, à la fois souple et funky, avec un son de grosse caisse qui vous arrive comme un direct dans la poitrine grâce au producteur Bruce Sweden qui a même confectionné un sac de couchage custom pour y enfermer la grosse caisse et le micro de la prise de son.
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Il a fallu 91 reprises pour arriver au résultat final qu’ont peut entendre sur la bande son du clip officiel.

Ensuite viennent les 19 secondes du riff hyper mélodieux et groovy joué par Louis Johnson, un des bassistes les plus créatifs et funky dans le métier et un des plus méconnus et sous-estimés.

Donc nous sommes à 29 secondes avec juste la basse et la batterie. Quincy Jones, le producteur, s’était presque emporté en reprochant à Michael Jackson la longueur de l’intro en disant qu’il avait largement le temps de raser toute sa barbe avant que le chant ne commence. Michael Jackson, qui avait programmé lui-même la séquence de basse et de batterie et la chantant et la mimant aux 2 musiciens, a répliqué que c’était l’intro qui lui donnait envie de se lever et de danser. Alors tout le studio a dit:  » dans ce cas… »

La structure harmonique est aussi atypique, car il n’y a pas de refrain dans le sens standard du terme. Pas de solo non plus à part le riff de guitare de 13 secondes de David Williams.

Riff de guitare

David WilliamsC’est David Williams (1950 – 2009) qui joue la séquence de guitare. Ce guitariste extraordinaire est décédé en 2009 dans l’oubli le plus total, son nom n’ayant même pas été mentionné sur le disque Thriller. Surnommé le BB King de la guitare rythmique par ses pairs,  ancien musicien de studio des Temptations et des Fourtops, il considérait que jouer en groupe était comme cuisiner avec des épices : la nourriture est sans saveur lorsqu’il en manque et devient inmangeable lorsqu’il y en a trop : « just the right note at the right time then you have the right flavour« .  RIP David.

Mentionnons encore que c’est sur ce riff de guitare surgissant de nulle part, en une seule prise, que Michael Jackson a fait son fameux moonwalk. Riff de guitare repris ensuite tel quel sur scène par tous les guitaristes de Michael Jackson!  (pillage!) Mais saviez-vous que le moonwalk est en fait un emprunt à Cab Calloway$, qui le faisait déjà dans les années 30-40, et que Étienne Decroux l’a appris à son élève le Mime Marceau qui lui l’a popularisé dans « La Marche contre le Vent » dans les années 50?

« Sh’es just a girl who claims that I’m the one »

La partie vocale de Michael Jackson a été enregistrée en une seule prise ( don’t try this at home please!) ainsi que la partie de lyricon (synthetiseur controlé par le souffle ) de Tom Scott, musicien extraordinaire et aussi méconnu. Les autres claviers sont joués par Greg Phillingane. Rajoutez 16 violons et vionloncelles dans une église désaffectée pour la qualité de la réverbération acoustique du lieu et des choeurs par Michael Jackson himself chantés dans un tube en carton de 80 cm de long remixés 91 fois pour obtenir le résultat final.
Enjoy.

Bonus

Quelques solos du maitre drummer Ndugu Chancler qui produit et enseigne à UCLA et Stanford sur Drummerworld.

Un bassiste extraordinaire: Louis Johnson

Lyrics – Paroles

Billie Jean is not my lover
She’s just a girl who claims that I am the one
But the kid is not my son
She says I am the one, but the kid is not my son

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