Dmoz, c’est terminé!
Voilà, c’est officiel, AOL tire la prise de l’annuaire Dmoz. Le dernier des grands annuaires va fermer ses portes le 14 mars 2017. Né en 1998 sous le nom de GnuHoo, renommé NewHoo, racheté par Netscape, puis repris par AOL (hélas!) l’Open Directory Project (ODP) devenu Dmoz tire sa révérence un an avant ses 20 ans. Si Dmoz a vécu si longtemps, c’est d’abord grâce à ses 92’000 éditeurs bénévoles du monde entier qui ont cherché, décrit et classé près de 4 millions de sites Web, dans plus d’un million de catégories en 90 langues.
Une communauté riche, vivante et résistante durant presque 20 ans, c’est un siècle dans la vie du web!
En 2017, quel est le rôle d’un annuaire de sites édité par des humains? Son poids dans le SEO est quasi nul, que reste-t-il? Dmoz doit une partie de sa notoriété à la reprise de ses données par Google, le Google Directory. Quand Google l’a abandonné en 2011, l’intérêt pour les webmasters à figurer dans l’annuaire est tombé. AOL n’a jamais communiqué sur son usage des données Dmoz. AOL fournissait quelques serveurs, un peu d’aide pour le management de la communauté jusqu’en 2000, mais guère plus. Si Dmoz a survécu toutes ses années, c’est d’abord par l’engagement passionné de quelques éditeurs bénévoles. Qui se souvient qu’en 2006, Dmoz a perdu une partie de ses données suite au crash d’un serveur et en l’absence de sauvegarde? C’était le premier coup d’arrêt.
Les éditeurs ont souvent voulu récupérer les droits sur l’annuaire, voler de leurs propres ailes dans un projet Open Source. AOL n’a jamais voulu céder les droits. Chacun peut télécharger les données Dmoz et les publier en tout ou partie sur un site. Peut-être que les éditeurs de 2017 arriveront à recréer un annuaire avec les dernières données. Personnellement, je n’y crois pas. Pour créer et maintenir autant de données structurées de cette manière, il faut beaucoup de ressources humaines, bénévoles jusqu’ici. Les serveurs ont aussi un coût. Comment motiver des éditeurs bénévoles, si l’intérêt de figurer dans un annuaire en 2017 est nul d’un point de vue SEO? Le nouvel annuaire pourra-t-il se passer de revenus publicitaires? Les revenus publicitaires pourraient-ils rémunérer les éditeurs? Quels critères de sélection seraient alors appliquées, pour les éditeurs comme pour les sites? Des questions qui se posent à ceux qui veulent continuer l’aventure. Pour ma part, c’était une chouette expérience, mais l’époque est révolue. Wikipedia reste le seul projet collaboratif d’envergure à subsister. Pour tout le reste, les algorithmes remplaceront les éditeurs, dans les annuaires comme ailleurs, hélas!
La suite
La nouvelle subite de la fermeture a jeté un froid dans la communauté des éditeurs bénévoles. Le riche forum interne né en 1998 va fermer ses portes (le 14 mars?) les éditeurs peuvent se retrouver sur le forum public qui ne dépend pas d’AOL: resource-zone.com Si vous étiez éditeur, vous pouvez demander accès à la discussion privée. Certains éditeurs souhaitent continuer le projet à partir des données RDF ou de la dernière sauvegarde du 14 mars 2017. Se pose la question du nom de domaine, Dmoz restant propriété d’AOL. Un nom de domaine, un serveur, un forum, un mode de financement, participatif ou via un repreneur, bannières publicitaires, etc. Tout est envisagé. Des heures de brainstorming en vue!
Un groupe Facebook privé a été créé: Dmoz Alumni pour se souvenir des bons moments.
Personnellement, j’ai débuté à l’ODP en 1999, dans la catégorie Formation. Mon motivation: augmenter la visibilité des sites francophones de qualité. J’ai aussi été très impliquée dans la gestion de la communauté, en devenant meta éditeur en 2001. A cette époque, la communauté Dmoz francophone était très dynamique, nous étions quelques centaines et avons largement contribué à faire connaître le projet sur le web en cataloguant des milliers de sites en français de qualité. Très peu active ces dernières années, j’ai toutefois gardé un compte actif, ne serait-ce que pour savoir ce que le projet deviendra ;-)
Voir aussi
- L’annuaire Dmoz fermera ses portes le 14 mars prochain – Olivier Andrieu sur Abondance.com 28 février 2017
- RIP Dmoz – The Open Directory Project is closing – Danny Sullivan on SearchEnginLand.com 28 feb 2017
- The End of DMOZ and the evolution of the SEO – SEJ Search Engine Journal 3 Mar 2017
- Dmoz va fermer ses portes – Archives du blog des éditeurs francophones 1er mars 2017
- AOL ferme l’annuaire Dmoz – Azurs.net – 28 février 2017
- AOL Is Mysteriously Shutting Down the 19-Year-Old Community That Inspired Wikipedia – Jason Koebler Mar 14 2017
- Top 8 reasons Dmoz, The Directory of the Web, is Dead (EOL)- zevlo – mar 14 2017
- Une page se tourne dans les annuaires – Baptiste Vannesson – badacadabra.net – 14 mars 2017
Je pense aussi que le bel âge des annuaires Web est révolu, mais l’intervention des humains pour accompagner les algorithmes est loin d’être devenue inutile. Il n’est qu’à voir le développement des applications basées sur le crowdsourcing.
Mais les ressources (puissance de calcul, bande passante, développement) pour appuyer le travail humain sont très importantes et hors de portée de communautés de bénévoles pas très structurées. Wikipedia est probablement l’un des seuls projets qui y parvient encore.
Quand un poids lourd comme Google met les ressources qu’il faut au service d’une communauté à laquelle il offre en retour une rétribution même symbolique, cela décolle, mais in fine, cela sert des intérêts hors de contrôle de la communauté des contributeurs. Le programme Local Guidés de Google pour l’enrichissement de Google Maps me paraît être un bon exemple.
Mais au final, quelque soit le médium, il faut un médiateur en chair et en os. C’est humain;… ;-)
Merci d’être passé ici Thomas! Je suis d’accord avec toi. Quel que soit le propriétaire futur d’un projet comme Dmoz, il va d’abord vouloir un retour sur investissement et les choix qu’il fera ne seront pas ouverts aux éditeurs bénévoles, les petites mains qui contribueront à son succès. Wikipedia est un exemple réussi. En ce moment, je m’intéresse à Quora dont le lancement en français est imminent.« Quora: « La différence avec Wikipedia, c’est que nos sources n’ont rien d’anonymes » – Libération, mars 2017
A suivre ;-)
Je suis effectivement sur la version bêta de Quora en français, et cela semble prometteur !